Je suis sûr que ma passion pour les Fantasie est connue de beaucoup. Comment donc ne pas m’essayer à l’exécution des deux seuls Fantasie de Mozart? Premièrement, nous devons l’aborder très différemment. Dans ces deux œuvres, Mozart peut utiliser quelque chose dans le piano auquel nous, harpistes, n’avons pas accès aussi facilement: le silence. Au piano, il suffit de soulever la pédale, de retirer vos mains des touches, et l’interprète aura un sublime amortissement de tous les sons. A la harpe, au contraire, l’art de l’amortissement est une étude longue et difficile même pour les plus expérimentés et pour atteindre ce silence dont je parlais avant il faudrait amortir tant de fois, si constamment que la nature de la pièce serait inévitablement détruite. Dans mes deux transcriptions, j’ai indiqué très précisément, selon mon expérience, où et quoi amortir; comme toujours, mon but est de préserver l’âme de l’original, sans en être emprisonné. En fait, si vous recherchez à tout prix la perfection (seulement apparente) du piano, vous serez pris au piège.
Dans Fantasia en D, il n’y a qu’une seule gamme chromatique à retoucher et les solutions sont nombreuses. Dans celui en C, plus long et techniquement plus difficile, j’ai trouvé des solutions enharmoniques dans les passages plus rapides qui aideront à obtenir l’effet harpe équivalent. Ces deux Fantasie sonnent magnifiquement sur la harpe.